La maltraitance des aidants envers les aidés
Rencontre organisée par le CLIC Gérontonomie sur le risque de maltraitance des aidants envers leurs proches, le repérage de ce risque et les solutions à apporter
6/20/2024


Début juin, le CLIC Gérontonomie a organisé une rencontre consacrée à la maltraitance dont peuvent être victimes les personnes âgées de la part de leurs aidants. La présentation a été réalisée par une psychologue, Madame Sylvia Lemaire.
Même si les faits de maltraitance en EHPAD ont récemment donné lieu à une forte médiatisation, Il faut savoir que 70 % de ces faits se déroulent à domicile, dans un cadre intra-familial. Après avoir donné ces chiffres, Madame Lemaire a rappelé la définition de la maltraitance, mettant en lumière la situation de vulnérabilité de la personne victime. Qui plus est, la maltraitance peut revêtir des formes multiples (un geste, une action, une parole ou un défaut d'action) et intervient dans le cadre d'une relation de confiance, de soin, d'accompagnement ou de dépendance.
En tant que professionnels intervenant à domicile, nous sommes en première ligne des éventuelles situations de maltraitance, et nous avons donc un rôle de sensibilisation de l'aidant à ce risque, de repérage des signaux d'alerte chez l'aidant comme chez la personne aidée, et d'information de l'aidant au sujet des solutions de répit et de soulagement.
Madame Lemaire a expliqué que le risque de maltraitance était plus élevé quand l'aidant et l'aidé vivaient sous le même toit, en cas d'addictions ou de difficultés financières de l'aidant, ainsi qu'en présence de troubles cognitifs et comportementaux de la personne aidée. L'aidant peut en effet ne pas comprendre ces troubles et penser que son proche « le fait exprès ». Selon le temps qu'il consacre à aider son proche et les tâches qu'il accomplit pour lui, l'aidant peut être débordé par cette responsabilité et proche de l'épuisement. Il nous appartient en tant que professionnels intervenant à domicile de prendre le temps d'échanger avec l'aidant sur son état de fatigue, sa souffrance et ses difficultés pour être en capacité d'alerter si besoin.
Madame Lemaire a ensuite présenté les relais que nous pouvions proposer aux aidants pour prévenir leur épuisement physique et moral :
- les plateformes d'accompagnement et de répit (PFAR des Volcans ou PFAR des Combrailles)
- les associations de personnes malades et leurs proches (par exemple France Alzheimer, France Parkinson ou France AVC)
- un accompagnement psychologique (certaines associations, telles que France Alzheimer, proposent à leurs adhérents des entretiens avec un psychologue qui sont pris en charge)
- les cafés des aidants ou les groupes de parole (là aussi, France Alzheimer 63 organise des groupes de parole un peu partout dans le département)
Madame Lemaire a insisté sur l'importance pour les aidants de pouvoir souffler, grâce à des heures d'aide à domicile ou des solutions de prise en charge sur une journée ou plusieurs jours (accueil de jour, hébergement temporaire), mais aussi de partager de bons moments avec son proche. France Alzheimer 63 propose par exemple des sorties culturelles à la journée ou des séances de tennis de table ouvertes à la fois aux personnes aidées et à leurs aidants.
Pour conclure, Madame Lemaire a rappelé que nous sommes tenus au regard de la loi de faire un signalement auprès des autorités administratives ou judiciaires si nous sommes témoins d'une situation de maltraitance. Nous pouvons pour cela être accompagnés par la plateforme nationale d'écoute dédiée aux personnes âgées et aux adultes en situation de handicap victimes de maltraitance, en appelant le 3977 ou l'association Alma 63 pour le Puy-de-Dôme.